La pointe du Hoc ( Normandie )

La pointe du Hoc (IPA : /pwε̃t dy ɔk/) est une petite avancée de la côte normande dans la Manche, située dans le Calvados. Elle surplombe une falaise de 25 à 30 mètres de haut avec une plage de galets d’une dizaine de mètres de large à ses pieds. La pointe se trouve sur la commune de Cricqueville-en-Bessin.

Elle fut le théâtre d’une des opérations du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944. Située entre les plages de Utah Beach (à l’ouest) et Omaha Beach (à l’est), la pointe avait été fortifiée par les Allemands et, selon les reconnaissances aériennes alliées était équipée de pièces d’artilleries lourdes dont la portée menaçait les deux plages voisines. Il avait été jugé primordial, pour la réussite du débarquement, que les pièces d’artillerie soient mises hors-services le plus rapidement possible.

Cette mission fut confiée au 2e bataillon de rangers américain qui réussit à prendre le contrôle du site au prix de lourdes pertes. Par la suite, les pièces d’artillerie se révèleront avoir été déplacées par les Allemands peu de temps auparavant et installées 1,5 km en arrière, à l’intérieur des terres.

© photos sylvain Landry

La stratégie

Avant le débarquement du 2e bataillon de rangers prévu le 6 juin à 6 h 30, l’aviation et la marine alliée doivent au préalable bombarder la pointe afin de neutraliser la garnison en place, à savoir 125 fantassins et 80 artilleurs allemands.

À 4 h 30, dix LCA (Landing Craft Assault) ainsi que quatre DUKW doivent être mis à l’eau. Deux des DUKW emmènent chacun une échelle de pompier de 33 mètres de haut empruntée aux pompiers de Londres, alors que les LCA sont équipés de lance-fusées qui enverront des cordes et des échelles de cordes au sommet de la falaise, ainsi que des échelles extensibles qui seront assemblées sur place. À 6 h 30, les 225 hommes de James Earl Rudder doivent débarquer sur la plage puis escalader la falaise pour détruire l’artillerie allemande.

Les compagnies E et F débarquent à l’est de la pointe, alors que la compagnie D débarque à l’ouest.

Une fois la zone maîtrisée, ils peuvent tirer une fusée éclairante afin de recevoir 500 rangers en renfort, en attendant d’être rejoints par le 116e régiment d’infanterie américain débarquant à Omaha Beach. Si à 7 h aucune fusée n’est tirée, les renforts seront détournés sur Omaha Beach dans le secteur Charlie.

Le déroulement des opérations

 

Le bombardement naval préliminaire débuta à 5 h 50, tiré par les USS Texas, USS Satterlee et HMS Talybont, suivi par une vague de 19 Martin B-26 Marauder de la 9e Air Force.

L’opération commence par la perte du LCA 860 peu après la mise à l’eau ; dans ce bateau se trouvait le commandant de la compagnie D, le capitaine Slater ; celui-ci rejoindra ses camarades le 9 juin.

À cause du courant et de la fumée du bombardement, les barges furent déportées vers la pointe de la Percée à deux kilomètres à l’est du lieu de débarquement prévu. Cette erreur de navigation entraîna un retard de quarante minutes et la perte d’un DUKW.

Le bataillon de rangers débarquera à 7 h 10 à l’endroit prévu. Aucune fusée éclairante n’ayant été tirée à 7 h, les renforts prévus furent déployés sur Omaha Beach. Le retard pris par les rangers leur enleva l’effet de surprise, mais l’attaque se déroula relativement bien grâce, notamment, au feu support de destroyers alliés.

Une fois la falaise escaladée, les rangers prirent les bunkers allemands et découvrirent que les pièces d’artillerie avaient été déplacées et remplacées par des pylônes en bois.

À 8 h, la route côtière était sous le contrôle des rangers. Vers 9 h, une patrouille découvrit les pièces d’artillerie sans aucune défense plus à l’intérieur des terres et les détruisit.

 

Isolés

Les renforts ayant été détournés sur Omaha Beach, le 2e bataillon de rangers se retrouve isolé.

Dans l’après-midi, le lieutenant-colonel Rudder envoya le message « Sommes à Pointe-du-Hoc — mission accomplie – munitions et renforts nécessaires – beaucoup de pertes1 » à l’USS Satterlee qui lui répondit « aucun renfort disponible – tous les rangers sont déployés ». Les seuls renforts que reçurent les rangers du 2e bataillon furent les survivants de la compagnie A du 5e bataillon de rangers qui avaient débarqué à Omaha Beach. Ces renforts amenèrent le 2e bataillon de rangers à environ 85 combattants.

La situation des rangers était critique et ils subirent de nombreuses attaques dans la nuit de la part d’une compagnie du 914.IR de la 352.Infanterie-Division. Vers 3 h, la compagnie D qui couvrait le flanc ouest fut submergée, vingt rangers sous les ordres du sergent Petty restèrent en arrière afin de permettre à cinquante de leurs camarades de se replier et furent fait prisonniers.

Au matin du 7 juin, seuls 90 hommes étaient encore en état de combattre.

Le 7 juin dans l’après-midi, une force de secours constituée d’éléments du 5e bataillon de rangers, du 116e d’infanterie et des chars du 743e bataillon arrivèrent enfin.

Ce n’est que le 8 juin au matin que les soldats américains repoussèrent les Allemands et prirent le village de Saint-Pierre-du-Mont, village le plus proche de la pointe, à 1,5 km au sud-est.

 

Le bilan

Sur les 225 rangers qui débarquèrent ce jour là, 135, au 8 juin 1944, (en comptant les hommes du LCA 860) furent tués. Le lieutenant-colonel James Earl Rudder lui même fut blessé par deux fois durant cette opération.

 

Monument

En janvier 1979, la France a légué une partie des terrains de la pointe du Hoc aux États-Unis2. Elle abrite un monument en l’honneur du sacrifice des troupes américaines et est l’un des lieux de commémoration du débarquement. Le président Ronald Reagan y assista à une cérémonie lors des commémorations du 40e anniversaire du débarquement en juin 1984. De nombreux blockhaus et cratères de bombardement sont encore visibles et le site est aménagé pour la visite.

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